Une puce RFID dans un fil textile
L'idée d'insérer des badges RFID dans les vêtements pour lutter contre la contrefaçon et assurer la traçabilité de la fabrication, de la distribution et la lutte contre le vol n'est pas nouvelle. Il suffit d'installer un badge RFID cousu dans une étiquette ou un bouton. Le badge peut être UHF sous forme d'étiquette cousue, ou de bouton en HF permettant de passer en laverie (en savoir plus sur le RFID). Mais ce procédé a l'inconvénient d'introduire une extension visible au vêtement qui peut nuire à son esthétique, et surtout qu'il est facile d'identifier et de supprimer.
En technologie RFID UHF, la puce électronique est reliée à un dipôle antenne constitué de deux brins en opposition. Le CEA-Leti de Grenoble a eu l'idée de miniaturiser l'ensemble puce et antenne pour permettre d'insérer ce badge ans un fil de textile. Mais il fallait développer un procédé de fabrication que permette de connecter les deux brins du dipôle de l'antenne sur une puce de faible dimension, sans intervention manuelle pour offrir une solution bon marché, automatisable pouvant supporter les contraintes mécaniques généralement appliquées sur des fils utilisés dans des métiers à tisser. Le procédé mis au point dans les laboratoires du CEA-Leti, supprime les étapes classiques de connexion de l'antenne à la puce (contacts sur un plot de connexion, soudures externes et mise en boitier). Le protégé par une série de brevets CEA, et la startup Primo1D (Grenoble), a été crée spécialement pour industrialiser et diffuser cette technologie.
Le produit vendu par Primo1D s'appelle E-Thread. Il peut s'intégrer non seulement dans un fil, mais aussi dans du caoutchouc ou du plastique, ce qui le rend complétement invisible. La société annonce des performances de distance de détection et d'écriture identiques à celles d'un badge RFID UHF classique GS1 Gen2 18000, pour des conditions d'exploitation équivalentes, à dimensions d'antenne de même taille. En effet, le placement de l'antenne intégrée dans la longueur du fil n'introduit pas de contrainte particulière quant à la longueur des brins. Le produit devrait être compatible avec tous les équipements de lecture UHF du marché. Toutefois, comme tous les RFID UHF dont la fréquence de fonctionnement se situe dans bande de fréquences 865-868 MHz pour laquelle l'absorption par l'eau, et le corps humain est la plus importante, la détection peut être impossible. Nos tests en plateforme ont montré qu'une distance minimale de 1 ou 2 cm est suffisante pour retrouver un fonctionnement normal.
Principaux marchés visés
Le marché principal visé par la Sté Primo1D et ses investisseurs est celui du textile pour des usages de lutte envers la contrefaçon, la traçabilité de fabrication et d'approvisionnement, mais aussi l'amélioration de relation client. En effet, pour mémoire, le RFID est une technologie passive (qui n'utilise que l'energie de l'antenne de lecture lors des transaction) et qui permet d'embarquer des informations qu'il est possible de mettre à jour à tout moment pour actualiser l'historique du produit. La Sté Primo1D y voit également des applications nouvelles pour les cabines d'essayage intelligentes, les informations personnalisées sur des tables interactives, etc...
Questions d'éthique
Mais cette technologie pose aussi des questions d'éthique que le monde de la mode devra prendre en compte. Pouvoir tracer à tout moment lors du passage d'un client de vêtement tagué devant une antenne RFID, permettre d'y écrire des informations dans la puce à l'insu de son porteur pose bien sûr des questions de respect de la vie privée. Si les contenus ne sont pas protégés, cela n'exclut pas la lecture du badge par une autre entité que celle qui compte exploiter la relation client. Cela concerne également bien d'autres domaine dans lesquels des fils sont utilisés.
Au mettre titre que les cookies tiers placés dans un navigateur Internet, l'exploitation par des partenaires commerciaux tiers à l'insu du porteur de vêtement pose des questions de vie privée dans un contexte d'absence de législation précise sur ce sujet.
D'ailleurs, des interventions de consommateurs auprès de la Communauté Européenne ont demandé que le badge RFID soit détruit lors du passage en caisse pour stopper la traçabilité, ce que les fabricants ont dénoncé comme une entrave au développement des innovations dans le développement de la relation client. La Sté Primo1D précise qu'il est possible d'utiliser la fonctionnalité "untraceable" de la norme EPC GEN2 V2 qui permet de protéger un bloc mémoire et de diminuer la distance de détection de la puce RFID, procédé vertueux, mais qui n'engage pas les industriels...
Suggestions d'autres applications
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Références
CEA Leti Innovation Days Juillet 2018, PDF technical document
Article Revue ElectroniqueS n° 102 mars 2019
RAIN RFID alliance